Ce court métrage documentaire nous présente deux cinéastes d’animation de l’ONF, Claude Cloutier et Michèle Cournoyer, qui font la preuve qu’un crayon, un pinceau et du papier suffisent pour tourner des œuvres fortes et passionnantes. Ce film se penche sur les styles respectifs et très personnels des deux artistes portés par un seul désir, celui de poser un regard sur le monde grâce à l’animation. En complément : le caustique Du big bang à mardi matin de Claude Cloutier et le troublant Accordéon de Michèle Cournoyer.
Dans ce court métrage documentaire, la spécialiste de la peinture sur verre Martine Chartrand, lauréate de l’Ours d’or du Festival international du film de Berlin (2001) pour son court métrage Âme noire, révèle les secrets entourant ses méthodes de travail et présente quelques images inédites de sa plus récente œuvre, MacPherson. En sa compagnie, nous découvrons des films d’animation de l’ONF qui doivent leur beauté lumineuse à cette technique difficile et exigeante. L’émission se conclut par la présentation d’Âme noire.
Ce court métrage documentaire nous convie à une visite guidée dans l’univers de l’animation 3D en compagnie de Michel Murray, cinéaste et directeur de l’école montréalaise ICARI. Savait-on qu’à l’Office national du film du Canada, des pionniers ont mené des expériences d’animation par ordinateur dès les années 60? Michel Murray nous fait découvrir les dessous de cette technique de pointe, aujourd’hui associée à des films à succès comme Shrek. En complément, une amusante animation 3D pour enfants, Opération Coucou, réalisée par Pierre M. Trudeau à l'aide du logiciel d'animation Softimage.
Ce court métrage documentaire nous amène dans l’imagination débordante du réalisateur Jacques Drouin, lequel utilise l’un des instruments les plus rares du cinéma d’animation, l’écran d’épingles. L’occasion unique de voir de près cet appareil inventé dans les années 30, constitué d’un tableau rectangulaire sur lequel sont plantées près de 250 000 épingles. En complément : deux réalisations de Drouin semblables à des gravures en mouvement, Empreintes et Trois exercices sur l’écran d’épingles d’Alexeïeff, produites à l’ONF.
Ce court métrage documentaire nous présente le cinéaste Pierre Hébert, lauréat du prix Albert-Tessier du gouvernement du Québec en 2004. Ce vétéran de l’ONF se spécialise dans l’animation sans caméra, intervenant directement sur la pellicule à la façon de Norman McLaren et d’autres grands cinéastes. Ce film met en évidence l’extraordinaire savoir-faire de ces artistes : dextérité, rigueur, patience. À ne pas manquer : un classique animé sans caméra, Caprice en couleurs, de Norman McLaren et Evelyn Lambart.
Ce court métrage documentaire présente Tali, auteure de films d’animation très colorés, réalisés sur acétate. Fabuliste des temps modernes, cette cinéaste sait dépeindre nos travers avec un humour décapant. L’animation sur acétates, habituellement associée à la grande industrie, a aussi trouvé preneur chez d’autres cinéastes de l’ONF. Ayant connu ses jours de gloire, cette technique tend aujourd’hui à être remplacée par l’ordinateur. En conclusion : La pirouette, de Tali, satire acidulée des habitudes alimentaires contemporaines.
Dans ce court métrage documentaire, Patrick Bouchard, spécialiste de l’animation de marionnettes, nous amène sur le plateau de tournage de Révérence. Ce film fait la lumière sur cette technique spectaculaire qui a connu un essor considérable à l’ONF depuis la fin des années 1960 grâce au travail de pionniers, tels que Co Hoedeman. Les ramoneurs cérébraux, un court métrage de Patrick Bouchard réalisé avec des marionnettes inquiétantes, termine le tout.
Ce court métrage documentaire explore les relations du cinéma d’animation avec le réel. Aux côtés du réalisateur et enseignant Luc Chamberland, qui travaille à un projet de documentaire animé à l’ONF, nous découvrons deux techniques liées à la vie : la pixillation (animation image par image d’êtres humains ou d’objets) et la rotoscopie (transposition de mouvements réels en dessins animés). Au programme, un chef-d’œuvre de la rotoscopie, When the Day Breaks, de Wendy Tilby et Amanda Forbis, Palme d’or du court métrage à Cannes (1999).
Ce court métrage documentaire se penche sur les techniques d'animation 2D par ordinateur qui ont révolutionné l’art des dessins animés. À l’ONF, on retrouve le réalisateur Nicolas Brault qui manie avec brio un appareil léger et souple appelé tablette graphique. Son court métrage Îlot, fantaisie polaire sur les habitants du Grand Nord conçue à l'occasion d’une expédition dans l’Arctique, termine le tout, de même que Krach, pamphlet satirique de Tom Tassel.
Ce court métrage documentaire de la série Canada vignettes nous présente les Fournier, une famille de cascadeurs qui travaillent dans l'industrie du cinéma. Découverts par le cinéaste Gilles Carle, lors d’une de leurs fameuses courses de démolition de voitures, ces hommes et femmes nous prouvent qu’ils n’ont pas froid dans le dos.
Homme de lumière, Michel La Veaux (Hôtel La Louisiane) a voulu partager son amour du septième art avec l’un des pionniers du cinéma québécois, Jean-Claude Labrecque (À hauteur d’homme). Entre l’hommage respectueux, le portrait chaleureux et le sincère devoir de mémoire, Labrecque, une caméra pour la mémoire prend la forme d’une conversation placée sous le sceau de la communion.
La réalisatrice Alanis Obomsawin explique dans quelles circonstances elle a commencé sa carrière à l'ONF et parle de l'importance primordiale qu'elle accorde au son et à l'histoire dans ses oeuvres.
Robert Verrall se rappelle sa venue à Ottawa pour se joindre à l'ONF et de ses premiers jours au studio d'animation, y compris son travail sur le film oscarisé Sports et transports.
L'histoire a mis Dansereau au bon endroit, au bon moment. Après quelques années à l'ONF comme scénariste et réalisateur, il devient producteur en 1960, à 32 ans. Et ça brasse pas mal dans les corridors de l'Office – c'est le début de la Révolution tranquille au Québec ! De quel don a-t-il hérité pour soutenir, au moment où il le fallait, les cinéastes dans leurs envolées ? Lamothe avec ses bûcherons du Haut-Saint-Maurice, Groulx et Gosselin à Miami, Arcand sur la piste de Champlain, Brault et Perrault qui s’installent à l'Île-aux-Coudres... Artiste complet, Dansereau s'imposera plus tard dans le monde de la télévision, mais le cinéma ne le quittera pas. Avec Quelques raisons d'espérer (2001), portrait de son cousin, l'écologiste Pierre Dansereau, et La brunante (2007), où il retrouve l'actrice Monique Mercure, 40 ans après Ça n'est pas le temps des romans. Infatigable Dansereau.
Il entre à l’ONF, un film amateur en poche. Dès 1949, à 20 ans, on l’envoie 18 mois dans l’Arctique tenir la caméra pour des films sur le peuple inuit. Jean Roy est ensuite caméraman pour tous les réalisateurs des glorieuses années 1950-1960 : les Devlin, Dansereau, Garceau, Giraldeau, Koenig, Kroitor, Palardy, Portugais… Il a pour assistants Michel Brault, George Dufaux ! Avec sept autres caméramans, il tourne Jour de juin (1959) dans l’esprit du cinéma direct naissant. Roy accompagne Pierre Patry dans l’aventure privée de Coopératio et fait la direction photo de Trouble-fête (1963), premier succès québécois en salle. Responsable du service de la caméra de l’ONF (1972-1983), Jean Roy institue ce qu’on appelle aujourd’hui l’Aide au cinéma indépendant (ACIC). Grâce à lui, depuis 40 ans, des générations de cinéastes indépendants obtiennent le soutien technique de l’ONF pour compléter leurs films.
Marcel Carrière est sans doute au son ce que Michel Brault est à l'image. Entre 1958 et 1964, l'art et la technique vivent une vraie histoire d'amour. Les artisans transforment les outils du cinéma pour modifier à jamais notre regard sur la réalité. Avec son entêtement inventif, Carrière cherche à parfaire la prise de son synchrone, à délivrer son magnétophone des câbles et de la caméra. La liberté qu'a gagnée le preneur de son, c'est grâce à lui. Il est de presque tous les tournages marquants de cette folle aventure du direct à l'ONF, de l'an zéro avec le film Les raquetteurs (1958) à celui qui récolte les fruits de ces avancées techniques, le chef-d’œuvre Pour la suite du monde (1962). Carrière se lance dans la réalisation. Documentaires et fictions se succèdent, imprégnés d'un humour généreux, d'un ton bienveillant, à son image.
Fervent cinéphile, à l'école de l'ONF dès 1959, Labrecque apprend le métier dans l'enthousiasme. Très doué, il devient caméraman et s'impose, hardi et volontaire. Il fera les images de plusieurs œuvres majeures du jeune cinéma québécois, dont Un chat dans le sac (Groulx, 1964) et La vie heureuse de Léopold Z. (Carle, 1965). Directeur photo d'exception, il passe ensuite à la réalisation : de 60 cycles (1965) aux Jeux de la XXIe Olympiade (1977), du « Vive le Québec libre ! » du général de Gaulle à la campagne électorale du premier ministre Bernard Landry en 2003, des trois Nuits de la poésie à André Mathieu, musicien (1993)... Son œuvre est généreuse, foisonnante, colossale. Féru d'histoire et de culture, Labrecque a fouillé bien des recoins de la société québécoise. Et l'humain reste toujours, encore aujourd'hui, au cœur de sa traversée cinématographique.
Après les temps forts du cinéma direct, avec autant de liberté, Jacques Leduc se promène entre fiction proche du réel, tout en plans-séquences On est loin du soleil (1970) et documentaire brut, tout en plans-présences Chroniques de la vie quotidienne (1977-1978). Avec cette symphonie en sept films rythmée par les jours de la semaine, il frappe l'imaginaire des cinéphiles. Sensible et audacieux, inventif, cet homme d'équipe explore ensuite la frontière fiction ̶ documentaire Albédo (1982), Le dernier glacier (1984). Puis, reçu chaleureusement par la critique, Trois pommes à côté du sommeil (1988), oriente ses prochains films, davantage ancrés dans la fiction. Leduc se révèle aussi homme à la caméra fidèle pour ses amis Tahani Rached, Jean Chabot, Paule Baillargeon, Yves Dion... Entouré des complices de la Casa obscura, atelier d'artistes qu'il cofonde en 1993, le photographe-mélomane y anime toujours des soirées cinématographiques.
Maître incontesté du cinéma d'animation de marionnettes, Co Hoedeman marque l'imaginaire des téléspectateurs un certain dimanche soir où Le château de sable (1977) vient illuminer nos écrans de télévision. L'Oscar du meilleur film d'animation, une formalité ! Le cinéaste quitte les Pays-Bas 12 ans plus tôt – à 25 ans – dans l'espoir de travailler à l'ONF. Début d'un prodigieux parcours, Hoedeman se transforme en artiste complet : il donne vie à des blocs, du papier découpé ou mâché, du sable, des créatures de son cru. Il explore les légendes inuites, se préoccupe d'écologie, invente des mondes fantaisistes. Il fabrique tout – décors, personnages, papier – et manipule la caméra. D'où vient la magie de Co ? Auprès de ses propres enfants et petits-enfants, sans doute a-t-il toujours su renouveler son regard. La maîtrise de son art est telle avec Ludovic, l'ourson en peluche, qu'enfants et adultes versent immanquablement des larmes.
Il y a une vie avant l'ONF pour cette artiste formée aux beaux-arts. Dans les années 1970, elle réalise plusieurs courts métrages indépendants, dont certains films-collage expérimentaux. Elle arrive à l'ONF autour de 1990 : ses premiers films font appel à la rotoscopie – cette technique qu'elle affectionne permet de redessiner des mouvements filmés en prises de vue réelles. Un nouveau cycle s'ouvre avec Le chapeau (1999) : Cournoyer plonge dans l'encrier, opte pour le trait noir sur fond blanc, minimaliste. Elle pourchasse la métamorphose jusque dans ses derniers retranchements, avec un thème difficile à traiter, l'inceste. La puissance des métaphores visuelles qu'elle fait s'entrechoquer bouleverse le public. Ce film lui apporte une reconnaissance mondiale. Elle poursuit dans cette veine avec le troublant Accordéon (2004) et Robe de guerre (2008), terrifiant. Ces films sans paroles nous laissent sans voix.
Jacques Giraldeau fonde, dès 1948, le premier cinéclub au Québec, période où il côtoie les artistes signataires du Refus global. Avec son ami Michel Brault, il travaillera à l'ONF durant la majeure partie de sa carrière. Giraldeau s'éclipse quelques années pour tester la liberté, troquant les lourdes caméras 35 mm pour une portative Bolex 16 mm. Toujours avec Brault, il tourne 39 courts métrages, Petites médisances (1953-1954), qui présagent la révolution du cinéma direct. Il revient à l'Office en 1960 dans l'effervescence précédant la naissance du Programme français. C'est un temps d'invention, et Giraldeau est souvent là aux commencements. Il sera même l'un des fondateurs de la Cinémathèque québécoise, en 1963. De La neige a neigé (1951) à L'ombre fragile des choses (2007), Jacques Giraldeau compte plus d'un demi-siècle de réalisation, une œuvre singulière et précieuse, consacrée à l'évolution de l'art au Québec.
Après avoir écumé les salles obscures de son Abitibi natale, suivant l'étoile de Fellini, André Melançon dérive doucement vers l'ONF à l'époque où tout peut arriver par accident. Le réalisateur Clément Perron lui propose un rôle dans Taureau (1973). Puis, on lui offre de réaliser un film pour enfants ; il n'y connait rien. Son talent inné avec les jeunes s'impose avec force – n'est-il pas d'abord psycho-éducateur ! Mémorable année 1978 : le documentaire Les vrais perdants fait grand bruit et les critiques proclament Comme les six doigts de la main Meilleur long métrage québécois. La guerre des tuques consacre la renommée de Mélançon dans le genre florissant des films pour enfants. Après plusieurs longs métrages, séries télévisuelles et mises en scène théâtrales, le cinéaste revient aux sources avec l'émouvant documentaire Printemps fragiles (2005), mettant l'enfance au centre de ses préoccupations.
« Nous avions tous autour de 30 ans, c'était facile de s'agiter. » Au tournant des années 1960, les jeunes savants fous comme Godbout font exploser le laboratoire qu'est devenu l'ONF. Ils n'ont pas de formation en cinéma; ils viennent de tous les horizons. Godbout, lui, revient d'Éthiopie où il enseignait le français. Engagé par l'ONF en 1958, il est vite emporté par ce tourbillon de collaborations qui fait rêver aujourd'hui – avec les Aquin, Jutra, Brault, Dansereau, Carle, etc. Fondateur de la revue Liberté et du Mouvement laïque de langue française, premier président de l'Union des écrivaines et écrivains du Québec, Jacques Godbout a été de toutes les luttes, mais aussi de toutes les excentricités : après le documentaire, il expérimente la fiction, période à haut risque créatif qui enfante YUL 871, Kid sentiment et le légendaire IXE-13, hissé au rang de film-culte.
On associe Claude Fournier aux grands moments de la comédie québécoise : Deux femmes en or (1970), un succès inouï avec deux millions de spectateurs en salle, et plus récemment, J'en suis (1997). C'est pourtant le journalisme qui le mène au cinéma, documentaire de surcroit. Il se lie d'amitié avec Michel Brault qui partage sa passion pour la caméra. Fournier participe aux premiers ébats du cinéma direct avec Brault et sa bande, en particulier La lutte (1961), un sommet du genre. Il quitte l'ONF pour travailler quelque temps à New York avec les pionniers du cinéma direct américain, Drew, Leacock et Pennebaker, à qui l'on doit le célèbre Primary (1960). Au fil du temps, bâtisseur de l'industrie privée, Fournier se consacre à la fiction tant au cinéma qu’à la télévision. Il retrouvera Michel Brault, l'ami des origines, pour coscénariser Mon amie Max (1994).
Ce jeune Acadien rêvant de cinéma entre à l'ONF en 1953. Dès ses premiers films, dont La femme de ménage, scénarisé avec Anne Hébert, Forest manifeste une grande sensibilité. Il écrit Les aboiteaux pour Roger Blais; ce tournage le ramène en Acadie où il reviendra sans cesse. En 1957, soutenu par ses collègues, Forest devient, à 29 ans, le plus jeune producteur francophone de l'ONF. Responsable du studio F, il est au cœur du développement accéléré de la production française durant ces années de création débridée. Des films aussi importants que Les brûlés voient le jour. Léonard Forest renoue avec la caméra et participe au mouvement d'émancipation du peuple acadien: Les Acadiens de la dispersion inaugure une trilogie qui occupe une place à part dans la conscience collective. Le militantisme de ce pionnier est aussi responsable de la fondation du studio de l'ONF en Acadie (1974). Des générations de cinéastes prendront ainsi le relais de ce précurseur. Il se retire ensuite à Moncton pour se consacrer à l'écriture.
Entrevue avec Monique Mercure tirée du projet Une histoire du cinéma - 61 portraits vivants. Du Festin des morts (Dansereau, 1965) au Festin nu (Cronenberg, 1991), on peut s’étourdir à l’évocation des films où Monique Mercure tient, toujours avec intensité, de grands et petits rôles. Elle va patiemment imposer sa présence, forte, à une époque où le métier d’actrice de cinéma n’existe pas au Québec. Son fidèle ami Claude Jutra lui donne d'abord un rôle dans À tout prendre (1963). Avec Deux femmes en or (Fournier, 1970), elle connaît le succès populaire. Puis J.A Martin photographe (Beaudin, 1976) célèbre son talent et lui vaut le prix d’interprétation féminine à Cannes. Au fil des ans, elle travaille avec les grands d'ici – Jutra toujours, Labrecque, Poirier, Pool, Lepage, Aubert – traversant les générations, tout en participant à plusieurs films en anglais. Elle retrouvera Fernand Dansereau et son émouvant personnage de Madeleine, quarante ans plus tard, pour La brunante (2007).
La Seconde Guerre mondiale, par ricochet, nous a donné un combattant de la lutte pour un cinéma authentiquement canadien. En 1939, le début des hostilités surprend le jeune Anglais en voyage au Canada. Il est coincé. John Grierson l'attire à l'ONF, d'abord comme caméraman (1941), puis producteur (1945), début d'une belle carrière consacrée au documentaire pour Spencer qui rêve de fiction. Grierson, fondateur de l'ONF, croit au cinéma comme outil d'éducation populaire. Spencer, lui, aspire à voir naître une industrie cinématographique au Canada, indépendante d'Hollywood. Il y travaille activement. En 1966, l'ONF lui donne ce mandat : proposer un plan de soutien gouvernemental au cinéma canadien. Le gouvernement accepte. De 1968 à 1978, Spencer, premier responsable de la SDICC (aujourd'hui Téléfilm Canada), soutient des œuvres aussi importantes que Les ordres (Brault, 1974) et L'apprentissage de Duddy Kravitz (Kotcheff, 1974).
Entrevue avec la cinéaste Anne Claire Poirier. Cette femme ouvre les portes à toutes les autres. Son œuvre si personnelle fonde ici un cinéma féminin, féministe, où l'art du montage et la force de l'écriture ne sacrifient rien au militantisme. Début 1960, à l'ONF, la place des femmes n'est pas autour de la caméra. Poirier convainc pourtant et devient réalisatrice. De mère en fille (1968), premier film féministe québécois, propulse l'engagement de la cinéaste : changer le monde, c'est aussi ouvrir l'ONF au talent des femmes. Acharnée, avec la création du programme « En tant que femmes » (1972), elle produira les films de plusieurs réalisatrices. Puis, les siens : l'insoutenable et nécessaire Mourir à tue-tête nous hante toujours. Car tout n'est pas acquis pour les femmes. Anne Claire Poirier se retire avec le film le plus douloureux qui soit, Tu as crié LET ME GO, portant sur la disparition tragique de sa fille.
Dans cette courte entrevue, le preneur de son Claude Pelletier traverse les grandes mutations technologiques. D'abord, le lourd matériel de prise de son, qui nécessite à lui seul un camion, un boulet aux pieds des équipes de tournage. Ensuite, le magnétophone portatif Nagra, qui fera voyager l'homme du son de par le monde. Entre les deux, une révolution technique, esthétique, bouscule l'ordre établi. Avec cette grande libération du son, Gilles Groulx et Arthur Lamothe entraînent Pelletier aux barricades pour Golden Gloves (1961) et Bûcherons de la Manouane (1962). Parmi la centaine de films auxquels collabore Pelletier, plusieurs ont marqué leur époque : De mère en fille (Poirier, 1968), Où êtes-vous donc? (Groulx, 1969). Passionné de généalogie, il profite des tournages pour fouiner dans les archives des églises du Québec, compilant près de 90 000 noms liés au patronyme Pelletier. Depuis leur retraite, Claude et son épouse, Laure Gauthier, sont devenus maîtres-généalogistes agréés.
L'écran d'épingles est lié au destin artistique de Jacques Drouin. Il est le seul à y avoir consacré sa carrière depuis la mort de son inventeur, Alexandre Alexeïeff. Celui-ci et Claire Parker ont réalisé de grands films avec cette mythique « machine à rêver » construite en 1931. Seuls dix prototypes seront fabriqués, dont l'un, acquis par l'ONF en 1972, tombe entre les mains de Drouin. Fasciné, il s'approprie l'instrument – ce qui réjouit Alexeïeff vieillissant. Cet écran au relief fait de 240 000 épingles transforme ombre et lumière en personnages, en paysages mouvants comme le sable. Le cinéaste façonne patiemment des œuvres remarquables, du film Le paysagiste (1976) à Empreintes (2004), où il déploie un savoir-faire inégalé qu'il transmet à son tour, aujourd'hui. Les Archives françaises du film à Paris font même appel à Drouin, en 2007, pour restaurer les écrans d'épingles Alexeïeff-Parker.
Au cours d'une longue carrière de plus de 30 ans à l'ONF, tout à la fois artisan et alchimiste, technicien et illusionniste, le maître du montage Edouard Davidovici suivra l'évolution des techniques dans ce domaine. Avant que le montage non linéaire devienne la norme, Davidovici et ses collègues avaient l'habitude du matériel brut, qu'ils coupaient et collaient sur des monteuses visionneuses Moviola à défilement vertical ou sur des tables de montage Steenbeck. Comme monteur en chef à l'ONF, il a supervisé le montage son et image de centaines de productions de tous genres. Il a notamment réalisé le montage pour les films suivants : Paul Anka (1962), Le Niger, jeune république (1961), La canne à pêche (1959) et Ti-Jean au pays du fer (1958).
Bonnie Sherr-Klein se remémore les débuts de Studio D, le studio des femmes, et la naissance du film séminal C'est surtout pas de l'amour qu'elle a co-réalisé.
Grant Munro, célèbre animateur, acteur et réalisateur, se souvient avoir été recruté par Norman McLaren pour rejoindre le légendaire studio d'animation de l'ONF.
En 1969, l'artiste est de l'aventure du Grand Cirque Ordinaire : le théâtre s'éclate dans la création collective. Vient aussi le cinéma Entre tu et vous (Groulx, 1970). Intense, dans Le temps de l'avant (Poirier, 1975), son personnage aborde la délicate question de l'avortement. Baillargeon trace ainsi son chemin. Féministe par nécessité, le cinéma est pour elle une forme de rébellion. Et la comédienne fait corps avec l'auteure : en 1979, son premier long métrage, La cuisine rouge, puis Vie d'ange, coscénarisé avec Pierre Harel, ne laissent personne indifférent. Les années 1980 lui offrent de beaux rôles – pour Jutra, Pool, Rozema, Leduc – mais c'est la réalisatrice qui s'affirme avec Sonia(1986), puis Le sexe des étoiles (1993). Peu à peu, elle s'oriente vers le documentaire : Trente tableaux (2011), cette œuvre autobiographique, libre, matérialise les multiples talents de cette grande cinéaste.
Son frère Pierre et lui font les beaux jours de la jeune industrie privée du cinéma dans le Québec des années 1960. Fondé en 1962, Onyx Films fait dans la publicité et les émissions télévisées. Le cinéma s'impose à eux peu à peu – André Lamy produit Gilles Carle Viol d'une jeune fille douce (1968). À sa grande surprise, en 1970, on l'invite à l'ONF, lui, l'homme du privé. Commissaire adjoint, puis commissaire en 1975, Lamy prend la direction d'un joyeux navire. À cette époque, l'institution est en pleine expansion. Il insiste sur la visibilité des films, ici et dans le monde – le prestige de l'Office est au zénith. En 1980, il dirige la SDICC (futur Téléfilm Canada) et gère là aussi une période d'expansion extraordinaire. La décroissance, ce sera pour les suivants ! André Lamy est mort le 2 mai 2010.
Pouvait-il savoir qu'il faisait l'histoire, film après film? Cela, dès ses premiers tournages amateurs avec Claude Jutra, en 1947, amitié déterminante pour notre cinématographie. Brault arrive à l'ONF en 1956 et bouscule les habitudes, entre gestes de défiance et désir d'expérimenter. Les raquetteurs (1958) lance un mouvement irréversible. Le Québécois prend la tête de cette révolution du cinéma direct, avec l'Américain Leacock et le Français Rouch lequel découvre en Brault « la caméra qui marche ». Brault amorce avec Pierre Perrault et les habitants de l'Île-aux-Coudres un projet qui les dépassera : Pour la suite du monde (1963). Du cinéma vécu, dans l'action, au plus près des gens – un moment décisif. Mais Brault ne s'assied jamais, explorant toutes les pistes du réel à la fiction. Jusqu'au tout puissant Les ordres (1974) – primé à Cannes –, gravé dans la mémoire collective. Il signe les images des plus grands films d'ici – Mon oncle Antoine, Les bons débarras, Mourir à tue-tête. Que serait le cinéma québécois sans Brault?
Le jeune comédien travaille dans un théâtre expérimental où le remarque le cinéaste Gilles Groulx. Il se retrouve devant l'objectif de Jean-Claude Labrecque pour le tournage du film Le chat dans le sac (1964). Cet unique rôle au cinéma fait de lui une icône de la jeunesse canadienne-française en quête d'identité, en pleine Révolution tranquille. Le film de Groulx consacre la modernité du cinéma de fiction québécois, porté par l'élan du cinéma direct – de pair avec À tout prendre (Jutra, 1963). Claude l'acteur, lui, s'éloigne aussitôt de son personnage pour vivre sa vie : il devient réalisateur, puis fonde les productions Prisma avec des amis. On leur doit des films aussi importants que Les ordres (Brault, 1974) et Les bons débarras (Mankiewicz, 1980). Plus près de nous, Godbout a produit le documentaire Le rêve américain (Boulianne, 2014) et la série Cinéma québécois (2008).
Ce document fait le portrait de la cinéaste Monique Fortier. Il fallait tordre le cou du destin pour qu'une femme se retrouve à l'ONF, dans cet univers masculin des années 1950. Tout se bouscule pour elle. De secrétaire à monteuse, Monique Fortier devient la première femme francophone à réaliser un film à l'ONF, À l'heure de la décolonisation (1963), au même moment qu'Anne Claire Poirier. Elle choisit par la suite de se consacrer au montage. Le regard fixé sur l'écran lumineux de la Steenbeck, cette artiste de l'ombre participe à cette nouvelle écriture qui donne forme et sens aux élans spontanés du cinéma direct. De film en film, des complicités se développent avec les Perrault, Godbout, Gosselin, Arcand, Rached... Elle est derrière l'œuvre de ces grands. Monique Fortier et Anne Claire Poirier termineront ensemble leur carrière d'exception en 1997 avec le montage du dernier film de cette dernière, Tu as crié LET ME GO.
La réalisatrice Sylvia Hamilton livre ses réflexions sur son travail au Studio Atlantique de l’ONF et sur la naissance du programme du Studio, New Initiatives in Film (NIF), mis sur pied à l'intention des femmes autochtones et de couleur.
Ce court métrage documentaire rend hommage au producteur Robert Lantos. Dans cette célébration de sa carrière, souvenirs, rêves et histoires s’entrechoquent dans un collage ponctué d’imagination. Des scènes tirées de films-phares de Lantos nous sont resservies avec espièglerie pour souligner des moments clés qui ont poussé l’homme à devenir producteur.