Il y a une vie avant l'ONF pour cette artiste formée aux beaux-arts. Dans les années 1970, elle réalise plusieurs courts métrages indépendants, dont certains films-collage expérimentaux. Elle arrive à l'ONF autour de 1990 : ses premiers films font appel à la rotoscopie – cette technique qu'elle affectionne permet de redessiner des mouvements filmés en prises de vue réelles. Un nouveau cycle s'ouvre avec Le chapeau (1999) : Cournoyer plonge dans l'encrier, opte pour le trait noir sur fond blanc, minimaliste. Elle pourchasse la métamorphose jusque dans ses derniers retranchements, avec un thème difficile à traiter, l'inceste. La puissance des métaphores visuelles qu'elle fait s'entrechoquer bouleverse le public. Ce film lui apporte une reconnaissance mondiale. Elle poursuit dans cette veine avec le troublant Accordéon (2004) et Robe de guerre (2008), terrifiant. Ces films sans paroles nous laissent sans voix.
Cette entrevue fait partie du projet Une histoire du cinéma - 61 portraits vivants.
Dans ce court portrait, Michèle Cournoyer, cinéaste d’animation, nous révèle son rapport intime avec la création. Elle est récipiendaire de nombreux prix, dont le Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques 2017.
Court métrage d’animation qui mélange les genres et les espèces, et qui s’intéresse à l’acte de boire, dans tous les sens du terme : pour donner vie, pour célébrer, pour se perdre et pour subsister. La métamorphose graduelle et continue représente le caractère parfois fluide et enivrant de la vie.
Court métrage d’animation utilisant la technique de la rotoscopie et racontant l’histoire d’une femme qui reçoit un appel de son amant dans la nuit. Yeux fermés, mais phares ouverts, elle fonce en taxi le rejoindre. Parée de ses plus belles plumes, elle lui fait la cour, déterminée à aller jusqu’au bout d’une passion dévorante…
Court métrage d'animation sur une femme qui se branche au Web. Elle épouse la technologie, téléchargeant son corps et son âme vers un amant électronique. Dessinée à l'encre sépia, Accordéon est une œuvre hallucinante, d'un humour noir parfois inconfortable, dans laquelle soif de désir et déshumanisation s'entre-dévorent, non sans équivoque.
Court métrage d’animation dessiné à l'encre noire. D’un trait vif, les images dépouillées se bousculent en une suite de métamorphoses à la fois troublantes et saisissantes : danseuse nue dans un bar, une jeune femme se remémore un moment de sa vie. Enfant, elle a reçu la visite d'un homme qui l'a agressée sexuellement. Périple intérieur douloureux , Le chapeau nous fait partager la douleur d'une femme à la mémoire maculée qui s'offre au regard des hommes.
Une jeune femme, dont le sommeil est perturbé par un appel téléphonique nocturne, nous entraîne dans sa dérive onirique, ses angoisses et ses peurs. Technique du dessin sur papier, au graphite et au crayon de couleur. Film sans paroles.
Court métrage d’animation sur les réflexions d’une femme enceinte. Elle porte sur le monde un regard particulier, propre à son état, chargé d'interrogation sur la qualité et l'avenir du monde dans lequel va s’épanouir cette nouvelle vie. Film sans paroles.
L'écran d'épingles est lié au destin artistique de Jacques Drouin. Il est le seul à y avoir consacré sa carrière depuis la mort de son inventeur, Alexandre Alexeïeff. Celui-ci et Claire Parker ont réalisé de grands films avec cette mythique « machine à rêver » construite en 1931. Seuls dix prototypes seront fabriqués, dont l'un, acquis par l'ONF en 1972, tombe entre les mains de Drouin. Fasciné, il s'approprie l'instrument – ce qui réjouit Alexeïeff vieillissant. Cet écran au relief fait de 240 000 épingles transforme ombre et lumière en personnages, en paysages mouvants comme le sable. Le cinéaste façonne patiemment des œuvres remarquables, du film Le paysagiste (1976) à Empreintes (2004), où il déploie un savoir-faire inégalé qu'il transmet à son tour, aujourd'hui. Les Archives françaises du film à Paris font même appel à Drouin, en 2007, pour restaurer les écrans d'épingles Alexeïeff-Parker.
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Court métrage d’animation sur une femme qui porte la guerre en elle. Dans sa tête les soldats avancent, piétinant tout sur leur passage. Telle une pietà, elle pleure son fils, son frère. De sa douleur et du sang de l'homme mort au combat surgit une armée de femmes, puissante colonne drapée dans la foi et la révolte. La soif de justice devient soif de vengeance. Le corps de la femme est une arme, sa robe une armure. Celle qui jadis donnait la vie donnera la mort. Film sans paroles.
Dans ce court métrage d’animation de la cinéaste Michèle Cournoyer, une fillette aime la musique à un point tel qu'elle néglige ses responsabilités domestiques. Son père la réprimande. En cachette, elle transporte alors ses « instruments » au jardin. Son père reconnaîtra finalement ses dons. Inspiré par l'article 29 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant, cette œuvre illustre le droit de l'enfant à développer pleinement ses dons et ses aptitudes. Film sans paroles.
Maître incontesté du cinéma d'animation de marionnettes, Co Hoedeman marque l'imaginaire des téléspectateurs un certain dimanche soir où Le château de sable (1977) vient illuminer nos écrans de télévision. L'Oscar du meilleur film d'animation, une formalité ! Le cinéaste quitte les Pays-Bas 12 ans plus tôt – à 25 ans – dans l'espoir de travailler à l'ONF. Début d'un prodigieux parcours, Hoedeman se transforme en artiste complet : il donne vie à des blocs, du papier découpé ou mâché, du sable, des créatures de son cru. Il explore les légendes inuites, se préoccupe d'écologie, invente des mondes fantaisistes. Il fabrique tout – décors, personnages, papier – et manipule la caméra. D'où vient la magie de Co ? Auprès de ses propres enfants et petits-enfants, sans doute a-t-il toujours su renouveler son regard. La maîtrise de son art est telle avec Ludovic, l'ourson en peluche, qu'enfants et adultes versent immanquablement des larmes.
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