Chez cet inépuisable cinéaste, le geste spontané côtoie l'art de la patience. Il explore depuis cinquante ans notre perception des images animées. Encouragé dès 1962 par le grand McLaren, Hébert, l’avant-gardiste, poussera à l’extrême la technique de la gravure sur pellicule. Après Souvenirs de guerre (1982), puissant film antimilitariste, il monte sur scène, devant public, pour enrichir son travail. Avec des musiciens, Hébert grave des images en direct sur la pellicule projetées en boucle sur l'écran. Le fruit de ces performances devient matière première pour ses films La lettre d'amour (1988) et inspire même le long métrage La plante humaine (1996), œuvre magistrale qui fait la synthèse du long chemin parcouru par Hébert. L'artiste expérimente toujours, invité aux quatre coins du monde, multipliant les projets, tel Lieux et monuments, dans lequel il métamorphose des images du quotidien filmées en voyage.
Cette entrevue fait partie du projet Une histoire du cinéma - 61 portraits vivants.
L'écran d'épingles est lié au destin artistique de Jacques Drouin. Il est le seul à y avoir consacré sa carrière depuis la mort de son inventeur, Alexandre Alexeïeff. Celui-ci et Claire Parker ont réalisé de grands films avec cette mythique « machine à rêver » construite en 1931. Seuls dix prototypes seront fabriqués, dont l'un, acquis par l'ONF en 1972, tombe entre les mains de Drouin. Fasciné, il s'approprie l'instrument – ce qui réjouit Alexeïeff vieillissant. Cet écran au relief fait de 240 000 épingles transforme ombre et lumière en personnages, en paysages mouvants comme le sable. Le cinéaste façonne patiemment des œuvres remarquables, du film Le paysagiste (1976) à Empreintes (2004), où il déploie un savoir-faire inégalé qu'il transmet à son tour, aujourd'hui. Les Archives françaises du film à Paris font même appel à Drouin, en 2007, pour restaurer les écrans d'épingles Alexeïeff-Parker.
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Il y a une vie avant l'ONF pour cette artiste formée aux beaux-arts. Dans les années 1970, elle réalise plusieurs courts métrages indépendants, dont certains films-collage expérimentaux. Elle arrive à l'ONF autour de 1990 : ses premiers films font appel à la rotoscopie – cette technique qu'elle affectionne permet de redessiner des mouvements filmés en prises de vue réelles. Un nouveau cycle s'ouvre avec Le chapeau (1999) : Cournoyer plonge dans l'encrier, opte pour le trait noir sur fond blanc, minimaliste. Elle pourchasse la métamorphose jusque dans ses derniers retranchements, avec un thème difficile à traiter, l'inceste. La puissance des métaphores visuelles qu'elle fait s'entrechoquer bouleverse le public. Ce film lui apporte une reconnaissance mondiale. Elle poursuit dans cette veine avec le troublant Accordéon (2004) et Robe de guerre (2008), terrifiant. Ces films sans paroles nous laissent sans voix.
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Maître incontesté du cinéma d'animation de marionnettes, Co Hoedeman marque l'imaginaire des téléspectateurs un certain dimanche soir où Le château de sable (1977) vient illuminer nos écrans de télévision. L'Oscar du meilleur film d'animation, une formalité ! Le cinéaste quitte les Pays-Bas 12 ans plus tôt – à 25 ans – dans l'espoir de travailler à l'ONF. Début d'un prodigieux parcours, Hoedeman se transforme en artiste complet : il donne vie à des blocs, du papier découpé ou mâché, du sable, des créatures de son cru. Il explore les légendes inuites, se préoccupe d'écologie, invente des mondes fantaisistes. Il fabrique tout – décors, personnages, papier – et manipule la caméra. D'où vient la magie de Co ? Auprès de ses propres enfants et petits-enfants, sans doute a-t-il toujours su renouveler son regard. La maîtrise de son art est telle avec Ludovic, l'ourson en peluche, qu'enfants et adultes versent immanquablement des larmes.
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Loin des regards du public et des honneurs, Robert Forget est celui par qui le changement arrive à l'ONF. Visionnaire émerveillé, un pied dans le futur rapproché, il anticipe les mutations technologiques. Jeune producteur, il créé dès 1971, un atelier de production vidéographique communautaire, Le Vidéographe, aujourd'hui pôle essentiel des arts médiatiques. Tour à tour directeur du studio français d'animation (1978), du Programme français (1989), puis des services techniques (1993), Forget s'active sans relâche, tout en produisant plus de 75 films : développement historique de l'animation par ordinateur ; ouverture en 1994 de la CinéRobothèque au cœur de Montréal – espace fabuleux de visionnage des films – ; et pour l'an 2000, premiers pas de la diffusion des films sur Internet avec l'avant-gardiste CinéRoute. Les avancées technologiques favorisent la création, croit Forget. Et le présent donne raison à ses intuitions futuristes!
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Entrevue avec Monique Mercure tirée du projet Une histoire du cinéma - 61 portraits vivants. Du Festin des morts (Dansereau, 1965) au Festin nu (Cronenberg, 1991), on peut s’étourdir à l’évocation des films où Monique Mercure tient, toujours avec intensité, de grands et petits rôles. Elle va patiemment imposer sa présence, forte, à une époque où le métier d’actrice de cinéma n’existe pas au Québec. Son fidèle ami Claude Jutra lui donne d'abord un rôle dans À tout prendre (1963). Avec Deux femmes en or (Fournier, 1970), elle connaît le succès populaire. Puis J.A Martin photographe (Beaudin, 1976) célèbre son talent et lui vaut le prix d’interprétation féminine à Cannes. Au fil des ans, elle travaille avec les grands d'ici – Jutra toujours, Labrecque, Poirier, Pool, Lepage, Aubert – traversant les générations, tout en participant à plusieurs films en anglais. Elle retrouvera Fernand Dansereau et son émouvant personnage de Madeleine, quarante ans plus tard, pour La brunante (2007).
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Entrevue avec la cinéaste Anne Claire Poirier. Cette femme ouvre les portes à toutes les autres. Son œuvre si personnelle fonde ici un cinéma féminin, féministe, où l'art du montage et la force de l'écriture ne sacrifient rien au militantisme. Début 1960, à l'ONF, la place des femmes n'est pas autour de la caméra. Poirier convainc pourtant et devient réalisatrice. De mère en fille (1968), premier film féministe québécois, propulse l'engagement de la cinéaste : changer le monde, c'est aussi ouvrir l'ONF au talent des femmes. Acharnée, avec la création du programme « En tant que femmes » (1972), elle produira les films de plusieurs réalisatrices. Puis, les siens : l'insoutenable et nécessaire Mourir à tue-tête nous hante toujours. Car tout n'est pas acquis pour les femmes. Anne Claire Poirier se retire avec le film le plus douloureux qui soit, Tu as crié LET ME GO, portant sur la disparition tragique de sa fille.
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Dans cette courte entrevue, le preneur de son Claude Pelletier traverse les grandes mutations technologiques. D'abord, le lourd matériel de prise de son, qui nécessite à lui seul un camion, un boulet aux pieds des équipes de tournage. Ensuite, le magnétophone portatif Nagra, qui fera voyager l'homme du son de par le monde. Entre les deux, une révolution technique, esthétique, bouscule l'ordre établi. Avec cette grande libération du son, Gilles Groulx et Arthur Lamothe entraînent Pelletier aux barricades pour Golden Gloves (1961) et Bûcherons de la Manouane (1962). Parmi la centaine de films auxquels collabore Pelletier, plusieurs ont marqué leur époque : De mère en fille (Poirier, 1968), Où êtes-vous donc? (Groulx, 1969). Passionné de généalogie, il profite des tournages pour fouiner dans les archives des églises du Québec, compilant près de 90 000 noms liés au patronyme Pelletier. Depuis leur retraite, Claude et son épouse, Laure Gauthier, sont devenus maîtres-généalogistes agréés.
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La Seconde Guerre mondiale, par ricochet, nous a donné un combattant de la lutte pour un cinéma authentiquement canadien. En 1939, le début des hostilités surprend le jeune Anglais en voyage au Canada. Il est coincé. John Grierson l'attire à l'ONF, d'abord comme caméraman (1941), puis producteur (1945), début d'une belle carrière consacrée au documentaire pour Spencer qui rêve de fiction. Grierson, fondateur de l'ONF, croit au cinéma comme outil d'éducation populaire. Spencer, lui, aspire à voir naître une industrie cinématographique au Canada, indépendante d'Hollywood. Il y travaille activement. En 1966, l'ONF lui donne ce mandat : proposer un plan de soutien gouvernemental au cinéma canadien. Le gouvernement accepte. De 1968 à 1978, Spencer, premier responsable de la SDICC (aujourd'hui Téléfilm Canada), soutient des œuvres aussi importantes que Les ordres (Brault, 1974) et L'apprentissage de Duddy Kravitz (Kotcheff, 1974).
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Le réalisateur et animateur Gerald Potterton se remémore son arrivée au célèbre Studio d’animation de l’ONF et certaines de ses incursions dans le domaine du film tourné en réel.
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Robert Verrall se rappelle sa venue à Ottawa pour se joindre à l'ONF et de ses premiers jours au studio d'animation, y compris son travail sur le film oscarisé Sports et transports.
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Grant Munro, célèbre animateur, acteur et réalisateur, se souvient avoir été recruté par Norman McLaren pour rejoindre le légendaire studio d'animation de l'ONF.
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