André Melançon nous a quittés le 23 août 2016. Le cinéaste a marqué toute une génération avec ses films autour de la thématique de l'enfance. Son film le plus connu est certes La guerre des tuques. Sorti en 1984, le premier opus de la série des Contes pour tous, écrit par Roger Cantin et Danyèle Patenaude, et qui met en scène deux bandes rivales de jeunes jouant à la guerre, connaîtra un immense succès. Hissé au rang de film culte au Québec, La guerre des tuques marquera toute une génération de jeunes et de moins jeunes. Qui ne se souvient pas de cette réplique savoureuse : « La guerre, la guerre, c’est pas une raison pour se faire mal! » Mais André Melançon, c’est beaucoup plus que ce film. Psychoéducateur de formation, il travaille d’abord à l’Institut de rééducation de Boscoville pendant cinq ans. Il y réalise d’ailleurs son premier documentaire, Le camp de Boscoville (1967), lors d’un atelier de cinéma qu’il a lui-même mis sur pied. Sa passion pour le cinéma prend vite le dessus sur son travail avec les jeunes. Au début des années 1970, il fait son entrée à l’ONF. Il écrit et réalise Des armes et les hommes (1973), un film sur la fascination des armes à feu où il entremêle habilement entrevues documentaires et éléments fictionnels. L’année suivante, le producteur Jacques Bobet lui propose un projet de film pour enfants. Bien que, de son propre aveu, il n’y connaisse rien, Melançon accepte de prendre en charge l’écriture du scénario et la réalisation. Il en écrira et réalisera finalement trois : Le violon de Gaston (1974), Les tacots (1974) et « Les Oreilles » mène l’enquête (1974). Ces trois films de la série Toulmonde parle français, destinée à l’apprentissage du français comme langue seconde, n’ont rien de didactique. Melançon sait créer des personnages attachants, raconter une histoire simple, drôle et bien ancrée dans le quotidien des jeunes. Il dirige habilement de jeunes comédiens sans expérience qui jouent avec naturel. Les films trouveront d’ailleurs leur public à la télévision francophone plutôt que dans les salles de classe anglophones. Ils marqueront aussi une étape importante dans la carrière du cinéaste. Désormais, qu’ils soient documentaires ou de fiction, ses films toucheront de près ou de loin à l’enfance. En 1978, il réalise Les vrais perdants, un documentaire exceptionnel où il met en lumière le phénomène des parents qui font par procuration vivre à leurs enfants leurs propres rêves, leurs propres ambitions. Melançon crée là un film percutant où il laisse la parole aux jeunes. Il reviendra plus tard sur le sujet avec L’âge de passion (2007), en retrouvant les enfants, devenus adultes, du film de 1978. Il réalise ensuite un long métrage de fiction, Comme les six doigts de la main (1978), et deux documentaires, La parole aux enfants (1980) et L’espace d’un été (1980). Durant les années 1980, il travaille surtout sur la série des Contes pour tous produite par Rock Demers. Après La guerre des tuques (1984), il réalise Bach et Bottine (1986), qui connaît également beaucoup de succès. Il écrit le scénario de La grenouille et la baleine (1988), de Jean-Claude Lord, et réalise Fierro, l’été des secrets (1989), tout en supervisant le doublage français de plusieurs films de la série tournés en anglais. En 1991, il délaisse le monde des enfants et tourne Rafales, l’histoire d’un vol à main armée qui dégénère pendant une tempête de neige. Durant cette période, il travaille surtout pour la télévision. Il réalise notamment Nénette (1991), un téléfilm, et deux séries, Cher Olivier (1997), dont il est aussi le scénariste, et Ces enfants d’ailleurs II (1998), tirée d’un roman d’Arlette Cousture. Dans les années 2000, il revient à son thème de prédilection. Tout juste avant de réaliser L’âge de passion (2007), dont nous avons brièvement parlé, il s’intéresse aux jeunes en difficulté qui fréquentent la maison fondée par le Dr Gilles Julien dans le documentaire Printemps fragiles (2005). En 2013, il tourne le documentaire Les trains de la vie, où il suit Kees Vanderheyden qui fait le tour des écoles primaires pour raconter aux jeunes les événements qui ont bouleversé sa jeunesse dans son pays d’origine, les Pays-Bas, durant l’occupation allemande. Une histoire de guerre et de paix racontée à hauteur d’enfant. Parallèlement à son travail de réalisateur et de scénariste, André Melançon poursuit une carrière d’acteur. Dès le début des années 1970, il se fait remarquer dans deux films de Clément Perron, Taureau (1973) et Partis pour la gloire (1975). Il tiendra plusieurs rôles dans près d’une vingtaine de films. Il s’intéresse aussi au théâtre. Il dirige pendant plusieurs années une équipe de la Ligue nationale d’improvisation (LNI), en plus de réaliser un télé-théâtre, Albertine en cinq temps (1999), d’après l’œuvre de Michel Tremblay. Affaibli par la maladie depuis quelques années, André Melançon poursuivait tout de même son travail de réalisateur et de scénariste. Il travaillait à la réalisation d’un court métrage de fiction et à l’écriture d’un scénario de long métrage. Lauréat du prix Hommage au Gala du cinéma québécois en 2015 et récipiendaire de l’Ordre national du Québec en 2013 pour sa contribution exceptionnelle au cinéma d’ici, André Melançon a écrit et réalisé plus d’une trentaine de films documentaires ou de fiction. La sélection offerte témoigne de son passage à l’ONF.
André Melançon nous a quittés le 23 août 2016. Le cinéaste a marqué toute une génération avec ses films autour de la thématique de l'enfance.
Son film le plus connu est certes La guerre des tuques. Sorti en 1984, le premier opus de la série des Contes pour tous, écrit par Roger Cantin et Danyèle Patenaude, et qui met en scène deux bandes rivales de jeunes jouant à la guerre, connaîtra un immense succès. Hissé au rang de film culte au Québec, La guerre des tuques marquera toute une génération de jeunes et de moins jeunes. Qui ne se souvient pas de cette réplique savoureuse : « La guerre, la guerre, c’est pas une raison pour se faire mal! » Mais André Melançon, c’est beaucoup plus que ce film.
Psychoéducateur de formation, il travaille d’abord à l’Institut de rééducation de Boscoville pendant cinq ans. Il y réalise d’ailleurs son premier documentaire, Le camp de Boscoville (1967), lors d’un atelier de cinéma qu’il a lui-même mis sur pied. Sa passion pour le cinéma prend vite le dessus sur son travail avec les jeunes. Au début des années 1970, il fait son entrée à l’ONF. Il écrit et réalise Des armes et les hommes (1973), un film sur la fascination des armes à feu où il entremêle habilement entrevues documentaires et éléments fictionnels.
L’année suivante, le producteur Jacques Bobet lui propose un projet de film pour enfants. Bien que, de son propre aveu, il n’y connaisse rien, Melançon accepte de prendre en charge l’écriture du scénario et la réalisation. Il en écrira et réalisera finalement trois : Le violon de Gaston (1974), Les tacots (1974) et « Les Oreilles » mène l’enquête (1974). Ces trois films de la série Toulmonde parle français, destinée à l’apprentissage du français comme langue seconde, n’ont rien de didactique. Melançon sait créer des personnages attachants, raconter une histoire simple, drôle et bien ancrée dans le quotidien des jeunes. Il dirige habilement de jeunes comédiens sans expérience qui jouent avec naturel. Les films trouveront d’ailleurs leur public à la télévision francophone plutôt que dans les salles de classe anglophones. Ils marqueront aussi une étape importante dans la carrière du cinéaste. Désormais, qu’ils soient documentaires ou de fiction, ses films toucheront de près ou de loin à l’enfance.
En 1978, il réalise Les vrais perdants, un documentaire exceptionnel où il met en lumière le phénomène des parents qui font par procuration vivre à leurs enfants leurs propres rêves, leurs propres ambitions. Melançon crée là un film percutant où il laisse la parole aux jeunes. Il reviendra plus tard sur le sujet avec L’âge de passion (2007), en retrouvant les enfants, devenus adultes, du film de 1978. Il réalise ensuite un long métrage de fiction, Comme les six doigts de la main (1978), et deux documentaires, La parole aux enfants (1980) et L’espace d’un été (1980).
Durant les années 1980, il travaille surtout sur la série des Contes pour tous produite par Rock Demers. Après La guerre des tuques (1984), il réalise Bach et Bottine (1986), qui connaît également beaucoup de succès. Il écrit le scénario de La grenouille et la baleine (1988), de Jean-Claude Lord, et réalise Fierro, l’été des secrets (1989), tout en supervisant le doublage français de plusieurs films de la série tournés en anglais.
En 1991, il délaisse le monde des enfants et tourne Rafales, l’histoire d’un vol à main armée qui dégénère pendant une tempête de neige. Durant cette période, il travaille surtout pour la télévision. Il réalise notamment Nénette (1991), un téléfilm, et deux séries, Cher Olivier (1997), dont il est aussi le scénariste, et Ces enfants d’ailleurs II (1998), tirée d’un roman d’Arlette Cousture.
Dans les années 2000, il revient à son thème de prédilection. Tout juste avant de réaliser L’âge de passion (2007), dont nous avons brièvement parlé, il s’intéresse aux jeunes en difficulté qui fréquentent la maison fondée par le Dr Gilles Julien dans le documentaire Printemps fragiles (2005). En 2013, il tourne le documentaire Les trains de la vie, où il suit Kees Vanderheyden qui fait le tour des écoles primaires pour raconter aux jeunes les événements qui ont bouleversé sa jeunesse dans son pays d’origine, les Pays-Bas, durant l’occupation allemande. Une histoire de guerre et de paix racontée à hauteur d’enfant.
Parallèlement à son travail de réalisateur et de scénariste, André Melançon poursuit une carrière d’acteur. Dès le début des années 1970, il se fait remarquer dans deux films de Clément Perron, Taureau (1973) et Partis pour la gloire (1975). Il tiendra plusieurs rôles dans près d’une vingtaine de films. Il s’intéresse aussi au théâtre. Il dirige pendant plusieurs années une équipe de la Ligue nationale d’improvisation (LNI), en plus de réaliser un télé-théâtre, Albertine en cinq temps (1999), d’après l’œuvre de Michel Tremblay.
Affaibli par la maladie depuis quelques années, André Melançon poursuivait tout de même son travail de réalisateur et de scénariste. Il travaillait à la réalisation d’un court métrage de fiction et à l’écriture d’un scénario de long métrage. Lauréat du prix Hommage au Gala du cinéma québécois en 2015 et récipiendaire de l’Ordre national du Québec en 2013 pour sa contribution exceptionnelle au cinéma d’ici, André Melançon a écrit et réalisé plus d’une trentaine de films documentaires ou de fiction. La sélection offerte témoigne de son passage à l’ONF.