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Tahani Rached, une cinéaste engagée

Une sélection de Marc St-Pierre
10 films

Profitant de son passage à Montréal, la Cinémathèque québécoise propose, jusqu'au 9 septembre 2018, une rétrospective de l'oeuvre de la documentariste Tahani Rached. La cinéaste d’origine égyptienne a travaillé à l’ONF pendant plus de vingt ans et réalisé 11 films. C’est l’occasion de revenir quelque peu sur sa brillante carrière et de proposer une sélection de ces films. La découverte du cinéma Tahani Rached est née au Caire, en Égypte. En 1966, elle quitte son pays natal et s’installe au Québec. Voulant devenir peintre, elle s’inscrit à l’École des beaux-arts de Montréal. Mais très rapidement, la perspective d’une vie retirée du monde la rebute. Elle voit que les choses bougent autour d’elle, et elle veut y participer. Elle fait de l’animation sociale dans des quartiers ouvriers de Montréal, mais le côté artistique de sa personnalité ne peut s’exprimer. Elle a envie de faire quelque chose qui touche à l’art, à la création, et qui en même temps véhicule un message. Elle découvre que le cinéma s’avère le moyen d’expression idéal pour elle. Les débuts De 1972 à 1980, elle réalise, notamment, des vidéos pour des organismes de coopération internationale, un premier long métrage documentaire sur les immigrants au Québec, Les voleurs de job, et des émissions de télévision sur la communauté arabe du Québec. En 1981, elle est embauchée à l’ONF comme cinéaste permanente. Son premier film, La phonie furieuse (1982), un court métrage de fiction fantaisiste sur le phénomène du « walkman » et la tendance qu’ont les gens à s’isoler du monde extérieur, prépare le terrain pour les films à venir. La cinéaste n’a pas l’intention de se replier sur elle-même ni d’amener le spectateur à s’isoler du monde. Regard vers l’étranger Dans ses films suivants, elle s’emploiera à faire connaître les problèmes du tiers-monde, de ses habitants et de ses émigrants. Beyrouth! « À défaut d’être mort » (1983) montre les conditions dans lesquelles vivent des rescapés libanais dans des camps de réfugiés de Beyrouth, après le conflit avec Israël. Haïti, Québec (1985) dresse le portrait d’émigrés haïtiens au prise avec l’exclusion et le racisme. Elle tourne deux films dans une Haïti chaotique post-duvaliériste, Bam Pay A! Rends-moi mon pays (1986) et Haïti, Nous là! Nou la! (1987). Dans Quatre femmes d’Égypte (1997), elle donne la parole à quatre femmes engagées dans les luttes sociales de leur pays; un plaidoyer pour la tolérance, l’amitié et l’engagement social. Soraida, une femme de Palestine (2004) raconte la vie d’une femme à Ramallah, en plein territoire occupé. Les gens d’ici Mais Tahani Rached ne tourne pas uniquement à l’étranger. Elle s’intéresse aussi aux enjeux sociaux de sa terre d’adoption et aux laissés pour compte d’ici. Au chic Resto Pop (1990) dresse un portrait chaleureux et attachant d’un restaurant populaire du quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal et des gens qui y travaillent. Un film tout en musique et en chanson qui renouvelle le documentaire social. Médecins de cœur (1993) soulève des questions éthiques quant au traitement du sida et s’interroge sur les rapports entre les médecins et les personnes atteintes. Urgence! Deuxième souffle (1999) suit les tribulations d’un groupe d’infirmières d’une urgence de Montréal. À travers chants (2001) témoigne de la solidarité et de la détermination de gens qui font œuvre commune, celle de chanter dans la chorale de l’Ensemble vocal d’Outremont. Tahani Rached quitte l’ONF en 2004 et poursuit sa carrière de cinéaste en Égypte. En plus de trente ans de carrière, elle n’a eu de cesse de dénoncer les injustices, la misère et la souffrance. Marc St-Pierre

Profitant de son passage à Montréal, la Cinémathèque québécoise propose, jusqu'au 9 septembre 2018, une rétrospective de l'oeuvre de la documentariste Tahani Rached. La cinéaste d’origine égyptienne a travaillé à l’ONF pendant plus de vingt ans et réalisé 11 films. C’est l’occasion de revenir quelque peu sur sa brillante carrière et de proposer une sélection de ces films.

La découverte du cinéma

Tahani Rached est née au Caire, en Égypte. En 1966, elle quitte son pays natal et s’installe au Québec. Voulant devenir peintre, elle s’inscrit à l’École des beaux-arts de Montréal. Mais très rapidement, la perspective d’une vie retirée du monde la rebute. Elle voit que les choses bougent autour d’elle, et elle veut y participer. Elle fait de l’animation sociale dans des quartiers ouvriers de Montréal, mais le côté artistique de sa personnalité ne peut s’exprimer. Elle a envie de faire quelque chose qui touche à l’art, à la création, et qui en même temps véhicule un message. Elle découvre que le cinéma s’avère le moyen d’expression idéal pour elle.

Les débuts

De 1972 à 1980, elle réalise, notamment, des vidéos pour des organismes de coopération internationale, un premier long métrage documentaire sur les immigrants au Québec, Les voleurs de job, et des émissions de télévision sur la communauté arabe du Québec. En 1981, elle est embauchée à l’ONF comme cinéaste permanente. Son premier film, La phonie furieuse (1982), un court métrage de fiction fantaisiste sur le phénomène du « walkman » et la tendance qu’ont les gens à s’isoler du monde extérieur, prépare le terrain pour les films à venir. La cinéaste n’a pas l’intention de se replier sur elle-même ni d’amener le spectateur à s’isoler du monde.

Regard vers l’étranger

Dans ses films suivants, elle s’emploiera à faire connaître les problèmes du tiers-monde, de ses habitants et de ses émigrants. Beyrouth! « À défaut d’être mort » (1983) montre les conditions dans lesquelles vivent des rescapés libanais dans des camps de réfugiés de Beyrouth, après le conflit avec Israël. Haïti, Québec (1985) dresse le portrait d’émigrés haïtiens au prise avec l’exclusion et le racisme. Elle tourne deux films dans une Haïti chaotique post-duvaliériste, Bam Pay A! Rends-moi mon pays (1986) et Haïti, Nous là! Nou la! (1987). Dans Quatre femmes d’Égypte (1997), elle donne la parole à quatre femmes engagées dans les luttes sociales de leur pays; un plaidoyer pour la tolérance, l’amitié et l’engagement social. Soraida, une femme de Palestine (2004) raconte la vie d’une femme à Ramallah, en plein territoire occupé.

Les gens d’ici

Mais Tahani Rached ne tourne pas uniquement à l’étranger. Elle s’intéresse aussi aux enjeux sociaux de sa terre d’adoption et aux laissés pour compte d’ici. Au chic Resto Pop (1990) dresse un portrait chaleureux et attachant d’un restaurant populaire du quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal et des gens qui y travaillent. Un film tout en musique et en chanson qui renouvelle le documentaire social. Médecins de cœur (1993) soulève des questions éthiques quant au traitement du sida et s’interroge sur les rapports entre les médecins et les personnes atteintes. Urgence! Deuxième souffle (1999) suit les tribulations d’un groupe d’infirmières d’une urgence de Montréal. À travers chants (2001) témoigne de la solidarité et de la détermination de gens qui font œuvre commune, celle de chanter dans la chorale de l’Ensemble vocal d’Outremont.

Tahani Rached quitte l’ONF en 2004 et poursuit sa carrière de cinéaste en Égypte. En plus de trente ans de carrière, elle n’a eu de cesse de dénoncer les injustices, la misère et la souffrance.

Marc St-Pierre

Marc St-Pierre a étudié le cinéma, le théâtre et la philosophie. Il est conservateur de collection à l’Office national du film du Canada depuis 2004. Spécialiste de la collection française, il contribue à la programmation de films sur le site ONF.ca. Il y publie régulièrement des textes sur l’histoire de l’institution, ses films et ses artisans et propose des sélections de films aux internautes.

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